Omar, on l’appelle par son prénom, comme un pote, un grand frère. Omar, qui ne l’aime pas ? Comment écrire une seule ligne de méchanceté à son égard ? Son sourire est un rempart contre toutes les attaques. La bataille est perdue d’avance ! Du reste, qui aurait l’idée de dire du mal de ce sympathique garçon ?
Omar, le public français l’a adopté dès sa première apparition à la télé. C’était en 2005 sur Canal+ en compagne de Fred Testot dans le SAV des émissions, véritable tremplin pour l’inénarrable duo. « Service après vente bonjour ! » lançaient-ils à tour de rôle au beau milieu d’un tas de téléphone rouge ou noir en bakélite. Déjà culte !
Aujourd’hui c’est son téléphone perso qui ne doit pas arrêter de sonner. Surtout depuis 2011 et le phénoménal succès d’Intouchables (d'Éric Toledano et Olivier Nakache). Chouchou des Français, il est en voie de conquérir le cœur des Américains. Parlant de chouchou, on ne peut s’empêcher de faire le parallèle avec Loulou, le compagnon de Chouchou interprétée par Alexandra Lamy. Enfin, l’ex compagnon, du moins dans la vraie vie, puisqu’ils sont séparés, vous suivez ? Bref, je veux parler de Jean Dujardin. Tous deux ont débuté dans une série télé, et, dans les deux cas, des sketchs cours et en duo. Dujardin, depuis The Artist est le frenchy que le Tout-Hollywood s’arrache. Il semble qu’Omar soit en bonne voie pour tracer la même route.
Il est Bishop dans X-Men : Days of Future Past de Bryan Singer, un mutant possédant un bras cybernétique et dont le pouvoir consiste à absorber et à décharger à volonté l'énergie et ce sous des formes diverses et variées. En couv du numéro de juin de Vanity Fair, il raconte qu’il s’est bien amusé : « Il y a des moments où je me comportais un peu comme un fan sur le tournage ! » On le comprend, donner la réplique à Halle Berry relève plus du rêve que du boulot !
Parenthèse enchantée ? Pas vraiment : X-Men est le premier film ricain d’une longue liste, puisque suivront Good People d'Henrik Ruben Genz (sortie prévue en septembre aux États-Unis), Jurassic World de Colin Trevorrow (produit par Steven Spielberg) et Candy Store de Stephen Gaghan, dont les sorties sont prévues pour 2015.
Un surhomme, c’est sous cet angle que le public le découvre aujourd’hui. C’est ainsi qu’il apparaît à ceux qui se penchent sur son parcours. Et ce sont de bonnes fées qui ont dû se pencher sur son berceau ! Pourtant rien ne prédestinait ce garçon d’origine modeste, fils d'une femme de ménage mauritanienne et d'un père ouvrier sénégalais, à une telle destinée. Ses premières armes, il les fait sur Radio Nova entre 1996 et 1997. C’est d’ailleurs là qu’il fait la connaissance de Fred Testot. Débute la période Canal+. Il travaille aux côtés de Jamel Debbouze, participe à l'émission Le Cinéma de Jamel, puis crée Le Visiophon avec Fred Testot. Il s’agit là des prémices de SAV des émissions, puisque on y voit déjà les deux comiques pendus au téléphone et donnant leur avis sur l'actualité de la télé.
Photogénique, le visage du jeune homme ne passe pas inaperçu. Mais ce n’est pas seulement sa trombine qui marque les esprits, c’est aussi sa voix, ronde et chantante, en un mot : amicale. Irrésistible quand elle explose en rire. D’ailleurs, la voix française de Zip, le personnage du jeu vidéo Tomb Raider Legend, c’est lui ! Sa voix, on l’entend encore dans le court métrage Logorama (on y retrouve aussi celle de son pote Fred). Sa silhouette, elle, traverse les clips de Sinik, (Bienvenue chez les Bylkas), Zazie (Être et avoir) et Diam's (Peter Pan).
Et soudain, 2011. L’odyssée d’Omar commence ! Il incarne Driss, un jeune de banlieue, aux côtés de François Cluzet dans le film Intouchables. La suite, on la connaît tous : carton au box office (plus de 19 millions de spectateurs), récompenses à tire-larigot (Globe de Cristal 2012 du meilleur acteur, Prix du meilleur acteur ex-æquo avec son partenaire au Festival international du film de Tokyo et César du meilleur acteur lors de la 37e cérémonie des César en 2012) et amour du public, puisqu’il est élu personnalité préférée des Français, selon un classement établi par le Journal du dimanche, en 2012. Le sommet de la gloire ? Non, pas encore !
Il joue dans Les Seigneurs d'Olivier Dahan, Mais qui a retué Pamela Rose ? d'Olivier Baroux et Kad Merad et De l'autre côté du périph de David Charhon. Bon, là, il faut avouer que le soufflet retombe un peu. Mais Boris Vian le sauve. Enfin, plutôt Michel Gondry qui lui offre un rôle à sa mesure dans L'Écume des jours. Quelle mesure ? Le burlesque, la folie, toute la panoplie de ce sourire qui lui colle à la peau. « Trop facile » semble-t-il dire ! En 2012, il arrête tout et disparaît de la surface du globe. Relativisons : du territoire français. Normal, il est aux States ! Il n’en reviendra pas indemne, transformé en mutant aux forces décuplées.
Saura-t-il changer de peau avec le même talent à l’avenir ? Attendons ses prochains films. Mais tout laisse penser que l’acteur n’est pas, à l’image de Bishop, à bout de forces... et nous au bout de nos surprises !
Sébastien Monod
Omar Sy, Hollywood lui tend la main
31 Août 2014
